15/01/15
T’es Charlie, t’es Charlie mais, ou t’es pas Charlie du
tout?
T’es Charlie quand on attaque les mecs à cause de moquerie
sur une religion, un élément culturel, et pas sur un élément biologique :
la loi est claire là-dessus.
Ce triste événement nous rappelle que la
civilisation occidentale moderne diffère des civilisations traditionnelles de
façon fondamentale sur la liberté de pensée et le droit qu'elle accorde d’exprimer sa défiance à l’égard
de tout corpus idéologique. Au risque de se perdre d’ailleurs dans une liberté nue
et sans valeur, qui n’en est donc plus une, car la liberté véritable est aussi
vivace à l’intérieur d’un champ donné qu’elle est stricte sur les contours qui
entoure ce champ, pour ne pas déborder sur la liberté d’autrui. Sed Lex Dura
Lex pour toutes ces choses que toutes sociétés humaines à toujours dû réprouver
pour se constituer, et que l’on peut résumer comme l’accaparement par la force
du bien d’autrui. Liberté sans concession, à l’inverse, pour tout ce qui est du
domaine de la croyance ou de la défiance envers un dogme.
T’es Charlie mais…quand tu penses que pour des journalistes
du Figaro ou de Valeurs Actuelles, la bien pensance bobo débile n’aurait pas
bougée beaucoup le petit doigt, alors que c’est bien cette idéologie d’aveugle
hémiplégique qui porte une lourde responsabilité dans le manque d’appétence des
jeunes français pour la liberté, en particulier sa frange identitairement mal à
l’aise et issue d’une culture encore très théocratique. C’est seulement parce
que les citoyens tués dans les locaux du
journal faisaient partis d’un landernau aussi réduit qu’influent que tant de
battage a été fait. Sans cela combien de français seraient allés manifester
dimanche ?
T’es pas Charlie…quand le camp du Bien dit « pas de
citoyens FN à la manif », car une fois de plus ces petits maîtres de la
doxa mediatique distribuent des certificats d’humanité aux habitants de ce beau
pays. Cette enième vexation des électeurs du front national est une
interdiction aussi stupide que malsaine, qui alimente fabuleusement la paranoïa
dont ce parti socialiste d’extrême droite fait son miel. Cette position est à
l’image des vieux croutons rancis de subventions qui en sont les auteurs. Ils
se disent hommes d’état, intellectuels et journalistes, mais seraient bien
incapable de vivre de leur seul talent si on donnait au peuple français le
droit de ne pas leur fournir le couvert (en argent).
Cet événement doit tout au contraire être l’occasion de
fendre le linceul dont ces rapaces ont recouvert la pensée et le débat en
France. Nous devons vivre maintenant avec des millions d’arabes et de noirs,
avec qui nous n’avons quasiment jamais eut que des échanges violents depuis des
siècles, et ce jusqu’à la décolonisation algérienne il y à peu. Est-ce simple
pour nous ? Sûrement pas. Est-ce facile pour eux ? Encore moins, car
qui sont loin de leur matrice culturelle historique.
La seule solution pour créer une société pacifiée, si
solution il y à, impose de mettre des mots sur les maux. La sublimation
freudienne marche autant pour les sociétés que pour les individus, dont elles
ne sont jamais qu’une extension. Quitte à se cracher un peu à la gueule, quitte
à faire quelques sacrifices douloureux, il faut se dire les choses et agir avec
pragmatisme pour aménager un modus vivendi, avec comme saine limite les tables
de la loi complétées de la liberté de conscience. Car un libéral est forcément
aussi intransigeant sur la capacité de
l’individu à pouvoir exprimer sa liberté que sur sa limite vis-à-vis de la
liberté d’autrui. Ce double mouvement d’ouverture et de restriction est le
fondement même d’un équilibre des pouvoirs sains en soi, comme au sein d’un
ensemble de citoyens. C’est le moi freudien, qui est une organisation du chaos
pulsionnel pour qu’il ne se heurte pas trop violemment au surmoi limitateur. C’est
la limitation du pouvoir de l’état à ses fonctions régaliennes, et
l’application sans faiblesse du monopole étatique sur ces mêmes fonctions.
Bon rassurons-nous,
hein madame, les affaires reprennent. OK. Dont acte. Mais si demain des
djihadistes tuent 40 gosses dans une école ? mais si demain ils flinguent
Benoït papa-mobile ? Alors je n’ose imaginer le cycle de mitraillage
sortie de mosquée-sortie d’église qui s‘ensuivrait en France. Et, un peu paradoxalement, on peut se dire que ces salopards de djihadistes enragés y pensent, en voyant l’énorme émotion soulevée à
travers tout l’occident pas leur tuerie chez Charlie.
Finissons please sur un point léger et positif, le nouveau
compte pour la formation. Ce dispositif machin truc super bien énarcho élaboré
- style Crédit Lyonnais mâtiné de SNCM, tu vois le truc canon quoi- va
permettre aux syndicats de sélectionner les formations auxquelles vont pouvoir
prétendre les heureux salariés. Quelle belle pompasse à pognon que voilà, avec
d’emblée une question : vu que la formation professionnelle est déjà
vérolée par des sociétés écrans appartenant à nos chères centrales mafieuses
& légales, comment vont-ils bien pouvoir voler encore plus de fric ??
J’ai hâte de voir leur imagination à l’œuvre! Mais ça, c’est vraiment pas
Charlie…